Je sors ce soir

Guillaume Dustan

Texte Guillaume Dustan
Avec Nicolas Cartier
Dramaturgie Muriel Malguy
Mise en scène Mirabelle Rousseau
Scénographie James Brandily
Playlist Kerwin Rolland
Répétitrice Sarah Gindre Boudiar

Samedi 15 février 2025 à 18 h
[Sortie de résidence]
au TMB Jean Guérin / Montreuil

Entrée libre sur réservation
01 71 89 26 70 / resa.berthelot@montreuil.fr

Je sors ce soir

Guillaume Dustan

Texte Guillaume Dustan
Avec Nicolas Cartier
Dramaturgie Muriel Malguy
Mise en scène Mirabelle Rousseau
Scénographie James Brandily
Playlist Kerwin Rolland
Répétitrice Sarah Gindre Boudiar

Samedi 15 février 2025 à 18 h
[Sortie de résidence]
au TMB Jean Guérin / Montreuil

Entrée libre sur réservation
01 71 89 26 70 / resa.berthelot@montreuil.fr

Je sors ce soir a été édité en 1997. Le roman raconte une nuit à la Loco, à Paris, au milieu des années 90. Dans le deuxième volet de sa trilogie “auto-bio-pornographique”, Dustan impose une écriture transgressive, non formatée, qui incarne la culture pop des années 90-2000. La boîte de nuit devient l’espace du pur plaisir dans lequel le sexe, la drogue et la musique, dessinent l’esprit d’une époque. Le texte est à prendre comme un manifeste libéral et libertaire. L’écriture de soi, frontale et performative, amène une oralité du style et un savoureux mélange des genres. Dustan n'aimait pas la fiction, considérée comme réactionnaire. Son texte nous emporte avec lui dans le pur présent d’une nuit blanche, le cœur battant au rythme des BPM. Les œuvres complètes de Dustan sont éditées chez P.O.L..

Guillaume Dustan
Le concours de l’ENA obtenu, Guillaume Dustan, de son vrai nom William Baranès, exerce le métier de juge administratif. En janvier 1990, il apprend qu’il est séropositif. A l’époque, il n’y a pas de traitements et l’annonce sonne comme une condamnation à mort. Il décide de tout plaquer pour devenir écrivain. Il se choisit le nom de Dustan, du nom d’un archevêque anglais, et pour être sûr d’être placé aux côtés de Marguerite Duras dans les bibliothèques. Ses trois premiers livres sont publiés chez P.O.L., cette trilogie, un temps confidentielle, est qualifiée d’autopornographie, par son auteur. Dans ma chambre est publié en 1996, il y décrit des relations homosexuelles non protégées, alors que le SIDA fait rage. Je sors ce soir est son deuxième opus daté de 1997. Enfin Plus fort que moi, l’année suivante, évoque des relations sado-masochistes. Nicolas Pages, publié en 1999, est récompensé par le prix de Flore. Par la suite, il publie pratiquement un roman par an, jusqu’en 2005. Il a également été éditeur et initié la première collection LGBT française : “Le Rayon gay”, chez Baland. Dans ses textes, Dustan le premier a affirmé la singularité de la culture gay, au croisement de l’hédonisme et du politique. Un temps attaquée et réduite à la polémique sur le bareback, l'œuvre de Dustan s’avère désormais être un jalon majeur de la littérature et de la contre-culture Pop des années 1990. Ses influences littéraires sont Marguerite Duras, Bret Easton Ellis, Andy Warhol, Hervé Guibert ...

En savoir plus…

LIRE
Le texte de Virginie Despentes, "Cher Guillaume", Le Monde, 31 mai 2013

ECOUTER
Guillaume Dustan [1965-2005] Parce que je suis : libre, France Culture
Guillaume Dustan, écrivain de la transgression, France Culture
Journée d’étude - Université Paris-Diderot - mardi 28 mai 2019

« Cher Guillaume,
(...) Ce mois-ci, tes trois premiers romans sont réédités en un premier tome, chez POL. C’est un beau volume, épais, tu serais content, ça a de l’allure. Bon, pour le grand couronnement, Guillaume, je crains qu’il faille attendre un peu. L’époque n’est pas à la glorification de la baise pédé, du mauvais esprit et de la militance gay. Tu es mort depuis presque huit ans. Tu ne ressemblais pas à un écrivain français. Tu étais beau, dangereux, drogué, séducteur, ta voix était à tomber par terre de sexy. Une drôle de grimace remontait ta bouche d’un côté quand tu souriais et on ne savait pas trop si tu étais doux ou teigneux, fort ou désespéré. Tu étais excitant. Tes romans te ressemblent. C’est un plaisir de te retrouver.
À très vite, V. »
Virginie Despentes, Cher Guillaume, Le Monde des livres, 31 mai 2013

« En attendant, moi, je constate que sur ce que je racontais à qui voulait l'entendre dès 1997-1999 (merci Technikart que n'en pensait déjà pas loin), j'ai eu raison sur tous les sujets lourds, le dopage -même si c'est encore soit-disant en débat -, le sexe, les Arabes et les pédés et les clubbeurs, seules forces sociales motrices dans ce pays qui refusaient le présent, la lutte antiennes, la prétendue gauche prête à tout pour durer même dans les années quatre vingt dix et donc à rester aux basques électorales de la fonction publique réactionnaire sclérosée qui pèse économiquement sur le pays et le décourage et n'est pas au service du public mais contre lui, la French touch qui est nulle, l'auto fiction, le quel devenu la religion alternative dans le monde entier, la drogue, dont la consommation modérée est pratiquement tolérée, l'intelligentsia homo et socialiste qui bloquait tout, ça doit être pour ça qu'on m'a remercié. »
Guillaume Dustan, Premier essai

« Ça fait bien quatre ans. Je l'ai rencontré par minitel. Il est venu rue de Bellefond. On s'est baisé (safe) et godé réciproquement en s'embrassant un max, c'était chaud, et puis quand je l'ai refait il était nettement plus passif, limite maso. En fait c'est moi qui l'avais poussé dans ce trip en la jouant macho dominateur, mais le résultat c'est que je m'étais senti seul.
Son visage s'ouvre. - Aaaah! T'es à Paris en ce moment ?, il fait. - Je suis rentré définitivement, je dis. - C'est toi qui as écrit un bouquin, il reprend. On en a parlé avec David, celui que tu appelles le Doc, on était en vacances ensemble l'été dernier. Ça a marché? - Ouais, je réponds, pas mal, trois mille». - Ouais, c'est pas mal, il fait. - Et toi ça va?, je dis. -Ouais, il fait.
Il y a quatre ans, il flippait pas mal sur ses T4.
Tu es de plus en plus hype, je fais.- Quoi ? (la musique est hyper-forte). Je répète, - Hype! Il n'a toujours pas compris. - Hype! Là il a compris. Il hausse les épaules avec un petit sourire. »
Guillaume Dustan, Je sors ce soir

« Je retourne danser. Et là, au bout de quelques minutes, je sens enfin que ça démarre. Je ralentis pour mieux sentir ce qui m'arrive : la détente musculaire, la chaleur, la respiration plus profonde. Ma colonne vertébrale se redresse toute seule. C'est cool. Et puis tout d'un coup ça part en flèche et J'ai envie de gerber mais je me calme en respirant tout doucement, sans bouger, et ça passe. Je ne gerbe plus jamais maintenant quand je prends de l'exta. Je maîtrise.
Et voilà le plus agréable : je me mets à sourire, d'un sourire que je ne peux pas empêcher, que je n'ai d'ailleurs pas la moindre envie d'empêcher, parce que je suis réellement content. Je me sens tellement bien. Je me retiens quand même un peu, on n'est pas à Londres. La dernière fois au Queen les mecs des chiottes faisaient carrément la gueule quand j'allais boire de l'eau, c'est vraiment ridicule.
Ça sent le pétard. Les musclemen à côté de moi sont en train d'en fumer un. Les choses ont tout de même beaucoup change en dix ans. Avant on ne fumait pas ouvertement comme ça en boîte. On va vers la légalisation c'est clair.
Bon ben voilà, j'ai chaud, je suis cool, alors j'enlève ma chemise et je m'amuse avec mon corps. Wou, wou, wou, je fais la moulinette avec les mains. Il y a encore plein de monde, donc je ne peux pas faire vraiment tout ce que j’aimerais, comme sauter en l'air ou marcher comme un canard, ou faire Linda Evangelista TM, ou rouler à mort du cul, ou faire semblant de baiser un cul imaginaire, mais ce n'est pas grave je suis content quand même.
Au moment où je commence à me dire que j'ai sérieusement soif et qu'il faudrait que j’aille boire, Tom passe à ma hauteur et me tend sa Corona. Ma bière préférée ! Je rêve... Je bois une gorgée et je la lui rends. On danse un peu l'un à côté de l'autre. Sourires. Je pense qu'il a dû gober lui aussi mais j'ai la flemme d'aller regarder ses pupilles pour en être sûr. En fait je m'en fous. »
Guillaume Dustan, Je sors ce soir

« -Veillons donc à être plus sages. Renonçons aux excès, au piètre libre arbitre. Pardon pour le bareback, qui nous coûta si cher. Pardon pour mes ardeurs. Pardon pour ma colère. Pardon pour ma jeunesse. Fermons-les, les backrooms gais, les saunas gais, les clubs échangistes. Puisque ce qui choque, ce n’est pas la maladie, le risque d’attraper la vérole. Ce qui choque, c’est la sexualité qui dépasse les bornes de la vie privée. Sortir de la maison. La sexualité qui ne peut pas être contrôlée par les voisins. Fermons tout ça. »
Guillaume Dustan, Premier Essai

« -Tous mes livres n’en font qu’un. J’ai voulu qu’on puisse suivre un peu le cours de ma vie. Trop contrariant pour mes contemporains, j’écris pour l’université future. Pour créer un mythe, il faut une présence, ou une absence, sidérante. »

Documentation
Représentations

Théâtre Jean Guérin, Montreuil
Ouverture de résidence
Samedi 15 février 2025 à 18 h - Entrée libre

Production

Production Le T.O.C. - Théâtre Obsessionnel Compulsif | La compagnie T.O.C. est conventionnée par la DRAC Ile de France-Ministère de la Culture et par la Région Ile de France (permanence culturelle et artistique). Le T.O.C. est en résidence au TMB Jean Guérin avec le soutien de la Ville de Montreuil. © Photo Guillaume Dustan DR © Philippe Celerier